1883, année ou Mr HENON Désiré , petit fils de Jean Baptiste Crèvecoeur et négociant à Paris, saisit l’occasion de la vente de la ferme ancestrale pour venir s’y installer avec son épouse .
Ils se font connaître et vite apprécier des habitants du village en les invitant à plusieurs repas champêtres à l’ambiance conviviale. Cette coutume s’était perdue depuis JB Crevecoeur et ainsi tout le monde retrouve une atmosphère propice aux rencontres et aux échanges !
L’année d’après, justement ce sont les élections !, et Mr HENON est élu haut la main. La ferme qui compte alors une quinzaine d’employés marche à plein : élevage, chevaux, culture…. et le couple qui a les moyens s’offre quelques petits voyages.
C’est lors d’un déplacement dans la région d’Arcachon que Madame HENON découvre une villa originale récemment construite dans le style « Troubadour », pastiche du moyen-age, dont elle tombe amoureuse . Le terrain au-dessus de la ferme n’étant plus occupé que par quelques pierres : ruines de l’ancien château fort et même d’un camp fortifié romain !… , elle convoque les frères Pauchot, bâtisseurs de la villa d’Arcachon, et leur commande un château fantastique.
Ils s’inspirent de châteaux écossais et leur imagination fait le reste ! dans une prouesse technique d’avant garde puisqu’ils utilisent le tout nouveau béton armé !
Le chantier est terminé peu avant le changement de siècle.
Ainsi Le couple peut profiter de l’été et regarder les étoiles filantes à la longue vue sur le solarium tout en haut, ou bien inviter des amis pour le thé et prendre des photos, la technique vient juste d’être inventée et n’est pas si courante que maintenant !…
Ne manque plus que la bénédiction de la chapelle !
On invite rien de moins que l’évêque de Beauvais, qui vient au château avec sa suite le 23 septembre 1902. Sur la photo, devant le pont- levis, on reconnaît bien Monseigneur Douais, le vicaire Dubois, les curés doyens de Gisors, d’Estrées, de Chaumont, suivis du curé de Courcelles et du châtelain de Délincourt !
Après une légère collation tout ce monde fait l’honneur d’une visite courtoise à l’ église du village et descend en procession pour venir saluer Mr le curé qui a eu la bonne idée ensuite de coucher par écrit le récit des évènements , ce qui me permet de vous les raconter un siècle plus tard !
Un grand merci aussi à Mr Hamann, arrière petit neveu de Mr Hénon, qui m’a envoyé par internet ces photos historiques !
. Il y aura même un faux dolmen dans le parc. Pas moins de 25 cartes postales représentant le château seront éditées à la belle époque.. A la fin de la dernière guerre, le château a abrité quelques officiers allemands, un char a été repéré dans le parc par un avion allié qui l’a bombardé . Ce qui a aussi détruit un grand nombre de vitres dans les alentours. Le béton armé n’existait pas encore et le ciment , moins solide, aura tendance à s’effriter et à faire rouiller les fers. Cependant grâce à d’importantes restaurations le monument est dans un état remarquable. Après avoir été la propriété de la famille Gorsse, c’est actuellement encore une propriété privée habitée.
P. Chatelain